TOURNOI DES 6 NATIONS 2021 – Charles Ollivon, qui semblait à l’essai lors de la défaite (23-20) en Angleterre une semaine plus tôt, a livré une magnifique performance contre le Pays de Galles samedi soir. Digne des plus grands capitaines de l’histoire du XV de France….
Qu’est-ce qui fait un grand capitaine ? D’abord et avant tout, par sa capacité à se remettre en question. A Twickenham, contre l’Angleterre, Charles Ollivon avait paru examiné, moins fringant que d’habitude, plus fatigué. Certes, il avait des circonstances atténuantes. Il faisait partie des “covidés”, les joueurs du XV de France. Et même s’il était officiellement classé comme asymptomatique, ce satané virus laisse parfois des traces. Pour être clair, à Twickenham, le capitaine des Bleus avait fait son travail. Mais il n’avait pas tant brillé que ça. Il est donc retourné au travail. Pour mieux récupérer avant un grand défi : tenter de remporter le tournoi des 6 Nations, dernier objectif possible pour l’équipe de France. Le joueur de Toulon a montré qu’il était dans la cour des grands. Car c’est lui, le grand Charles, qui a annoncé la résurgence de son équipe en fin de match, lorsque les Gallois ont commencé à céder.
C’est lui qui a marqué l’essai de l’espoir après avoir décidé, contre les instructions du staff, d’aller à la mêlée plutôt que de jouer avec les mains, quitte à perdre de précieuses secondes. Enfin, c’est lui qui a envoyé Dulin pour un essai au début de la dernière vague d’attaque après de bonnes passes de Fickou et Vincent. C’est aussi lui qui a pris la bonne décision de servir ses trois quarts au lieu d’insister pour finir. “Quand nous avons reçu le carton rouge après le but, c’était très dur pour nous, mais comme nous l’avons dit dans le vestiaire, nous n’avions pas le droit de surjouer. Nous avons dû aller le chercher parce qu’on ne nous a pas donné grand-chose. On est resté cool, on a été héroïques.”
Parce qu’un grand capitaine est aussi celui qui sait garder la tête froide quand il y a de la chaleur. A trois reprises, les Bleus se sont vus refuser un essai suite à des décisions de l’arbitrage vidéo. Les autres auraient probablement flippé. Il ne l’a pas fait. Son calme et sa patience face à M. Pearce, l’arbitre de la rencontre, ont pesé lourd dans les 15 dernières minutes. Son traitement a été remarquable à tous égards. “Il n’y avait pas grand-chose à gérer dans ces moments-là”, a-t-il tenté de minimiser. Il s’agissait de tout laisser sur le terrain mais de rester dans le cadre, dans la structure. Ne pas s’emballer et s’en tenir aux choses simples. Mais aussi travailler à jouer avec 14 joueurs pendant la semaine. Nous travaillons sur des scénarios avec un joueur en moins. Donc ce n’est pas un coup de chance. Cette victoire n’est pas un coup de chance.”
Bien sûr, un grand capitaine est aussi celui qui est impeccable dans ses performances. Et de ce point de vue, l’ailier de troisième ligne a une fois de plus réalisé une performance exceptionnelle. Surtout en défense. Avec 21 plaquages réussis, il a un taux de réussite de 100 %. Rien que ça. Puis, après la perte de Dylan Cretin, il a été le principal fournisseur de ballon dans le lineout français. Avec un succès ouvert. Bien sûr, il ne s’est pas toujours avancé dans ses affrontements directs, mais il s’est multiplié, surtout à l’heure de la domination galloise, montrant à tous ses partenaires la voie à suivre. Lors de la conférence de presse d’après-match, son sourire en disait long sur sa satisfaction alors qu’il se projetait déjà vers la fin du tournoi. “Il nous reste six jours et un trophée à gagner. Il est important de savourer ce soir mais ça va être très facile. Nous pensons déjà à vendredi et tout le monde va déjà dans la même direction.” Un vrai discours de capitaine.